Publié le 30 septembre 2019–Mis à jour le 21 octobre 2019
Colloque organisé par GODA Masato (Université Meiji, Tôkyô); Thierry HOQUET (IREPH, Université Paris Nanterre) et SAITO Takako (Inalco)
Date(s)
le 22 novembre 2019
09h-17h
Lieu(x)
Bâtiment Simone Veil (F)
Salle des conférences (F352)
Depuis qu’Aristote a tenté de récapituler en un ensemble de dix catégories l’ensemble des prédicats de l’être, plane sur la philosophie le sentiment d’une tâche à accomplir. La liste d’Aristote constitue à la fois la pièce de résistance du cursus studiorum philosophique et un morceau indigeste et qui n’apporte rien à l’esprit. Les philosophes n’ont eu de cesse de tenter de compléter la liste aristotélicienne, — la tentative la plus ambitieuse à ce jour restant celle de Kant dans la Critique de la raison pure. D’autres promettant la « philosophie du XXIe siècle », se contentent tout bonnement d’actualiser la liste aristotélicienne, en la reprenant telle quelle mais en examinant les nouveaux développements auxquels ont donné lieu chacune des catégories. Pourtant, la linguistique, par la voix d’Emile Benvéniste, apporta une pièce essentielle au dossier. L’être (to einai) qui hante toute l’histoire de la philosophie occidentale, n’aurait été qu’une illusion de langage : la philosophie l’ombre portée par la structure propre de la langue grecque. Ainsi, entre l’être et la pensée, Benvéniste introduit le langage. Désormais, ce n’est plus seulement le caractère contingent des concepts rassemblés dans la liste qui serait en question. Ce serait jusqu'à la nature même des concepts qui se trouverait modifiée. C’est ainsi que les traditions non-européennes ou non-occidentales, s’invitèrent progressivement dans la danse philosophique, provincialisant le corpus classique. Récemment, c’est par la question de la traduction que les relations entre être/langage/pensée ont été de nouveau envisagées. Le dictionnaire des Notions philosophiques, en deux tomes, dirigé par Sylvain Auroux (1990) dans le cadre de l’Encyclopédie philosophique universelle publiée sous la direction d’André Jacob, incluait, dans toute la dernière partie de son second volume, des notions empruntées aux Pensées asiatiques et à la « Conceptualisation des sociétés traditionnelles ». Plus récemment (2004), l’entreprise menée par Barbara Cassin d’un Vocabulaire européen des philosophies se propose de « penser la philosophie en langues » et part de la pluralité des langues européennes et de « la difficulté de traduire en philosophie ». Cette difficulté se trouve encore aggravée s’agissant des langues extra-européennes, et en particulier des langues asiatiques. Étudier les catégories de la pensée japonaise, c’est d’abord étudier la manière dont les catégories classiques de la pensée européenne ont été traduites. Mais le détour par le Japon nous ouvre un tout autre programme. Prolongeant le projet aristotélicien d’une table des catégories, on peut tenter, par le Japon, une table des catégories élargie, qui inclurait un certain nombre de concepts propres à la pensée japonaise et qui rassemblerait des intraduisibles ou réputés tels.
Programme
Matinée (9h-12h15) : Des concepts intraduisibles ? Les concepts japonais dans le cadre de la philosophie asiatique
9h Accueil des participants.
9h20-10h. Simon EBERSOLT, EFEO. Iki ( いき) — le chic ?