Publié le 29 octobre 2018–Mis à jour le 4 décembre 2018
Journée d'étude organisée par Pietro Terzi
Date(s)
le 29 novembre 2018
09h-17h45
Lieu(x)
Bâtiment Max Weber (W)
Salle Séminaire 2
Les rapports entre la France et la pensée allemande ont toujours été au centre de débats acharnés, souvent idéologiques. Si dans le « long XIXe siècle » l’assimilation des auteurs d’outre-Rhin n’allait pas sans de complexes négociations entre traditions et esprits nationaux, dans la foulée des fré-quentes crises diplomatiques et militaires entre les deux pays, on a assisté, au cours du dernier siècle, à des échanges en apparence plus fluides. En particulier, après les années 1930, la perte de légitimité de la philosophie universitaire républicaine face aux expériences ravageuses de la guerre et de la crise économique a déclenché parmi les nouvelles générations une ouverture progressive à des références inédites. L’attention pour ces mouvements historiques et théoriques a dès lors produit une abondante littérature sur la redécouverte de Hegel et de Nietzsche et sur la pénétration en France du marxisme, de la psychanalyse, de la phénoménologie husserlienne et de son hérésie heideggérienne. Dans ce panthéon, la figure de Kant semble n’avoir plus aucune place. Comme en témoigne l’importante étude de Laurent Fedi, récemment publiée, le criticisme paraît être en effet une « passion française » qui, tout en étant dévorante au XIXe siècle, n’a pas survécu à la chute de la Troisième République. Néanmoins, l’ombre de Kant a continué à hanter, même si souvent sous une forme spectrale, la pen-sée française contemporaine, sa présence étant attestée par une réflexion durable sur des questions telles que la notion d’a priori, la nature du transcendantal, le statut de la subjectivité, le jugement, la téléologie ou la valeur de la critique elle-même. Pour cette raison, encore que moins visible que d’autres, la philosophie kantienne demeure une référence incontournable si l’on souhaite comprendre la structure et l’évolution de la philosophie française du XXe siècle. Cette journée d’étude se propose de dresser la carte des traces de ce dialogue avec la philoso-phie de Kant, sans aucune volonté systématique. En suivant le parcours fragmenté et plural allant de Brunschvicg à Lyotard, il s’agira de mettre au jour la trajectoire souvent souterraine de la réception du criticisme kantien, avec les prises de position qu’il a suscité et les interprétations dont il a fait l’objet.
Programme
09h00 Accueil
09h15 Ouverture du colloque
1ère séance : Kant entre idéalisme et concret
Modération : Pietro Terzi
09h30 Massimo Ferrari (Turin) Léon Brunschvicg : une philosophie kantienne des mathématiques?
10h00 Giuseppe Bianco Politzer, Kant et la critique : où voulait aller la psychologie concrète ?
10h30 Questions
11h00 Pause café
2ème séance : Kant et la phénoménologie
Modération : Jean-Michel Salanskis
11h15 Yagmur Ceylan Uslu (Nanterre) Lévinas lecteur de la Critique de la raison pure
11h45 Maryvonne Saison (Nanterre) L’empirisme transcendantal dans La Notion d’« a priori » de Mikel Dufrenne
12h15 Questions
12h45 Pause déjeuner
3ème séance : Kant et l’épistémologie
Modération : Pietro Terzi
14h30 Luca Paltrinieri (Rennes 1) Bachelard, Canguilhem et la question du transcendantal
15h00 Jean-Baptiste Vuillerod (Nanterre). Hegel face à Kant : l’historicisation du transcendantal au XXe siècle
15h15 Questions
16h00 Pause café
4ème séance : Kant et les philosophies de la différence
Modération : Jean-Baptiste Vuillerod
16h15 Anne Sauvagnargues (Nanterre) D’un tournant transcendantal de la philosophie contemporaine : Deleuze avec Kant
16h45 Jean-Michel Salanskis (Nanterre) Lyotard et le refus de la Schwärmerei